mercredi 1 mai 2019

Les Boutillons. Le champ de tirs

  
Le terrain d'entraînement des Allemands
Témoignages Lili Le Goff. Mise en forme Yves Le Moal
Les enfants inconscients retournent souvent à Trévarez. Ils pénètrent dans le parc par la même brèche crée dans la clôture grillagée par leurs fréquents passages. L’un d’entre eux fait toujours le guet dans le dernier virage pendant que le reste de la troupe se faufile dans le domaine interdit, au nez et à la barbe des Allemands qui circulent fréquemment sur cette route.

Un jour, Lili entend même siffler les balles ennemies au-dessus de sa tête alors qu’il chasse les grillons en compagnie de son copain brestois François Riou dans un pré situé entre le terrain d’entraînement et le champ de tir des Allemands.
 Les enfants occupés à capturer des insectes, excellents appâts pour la pêche, entendent soudain des voix gutturales prononcer des mots inconnus, puis des coups de feu ! Apeurés, ils prennent la poudre d’escampette en direction des carrières du Rick, propriété de Kerjégu, donc maintenant du marquis. Dans sa course folle vers la maison, Lili perd un sabot. Il se fait sonner les cloches au retour par la maman. Il avoue avoir connu, ce jour-là, la trouille de sa vie.
 Il a gardé un souvenir précis des lieux : de chaque côté de l’entrée principale étroite et  propice aux glissades en sabots de bois cloutés l’hiver, zigzaguent deux tranchées longues de cinquante mètres. Elles mènent à une casmate. Plus loin, se succèdent différents obstacles : des rondins assemblés en buts de différentes hauteurs, des barbelés, un tunnel pour ramper, un mur d’escalade en rondins de bois d’environ trois mètres de hauteur. Le pré d’à côté, celui des grillons, est en herbe.  Le troisième champ, quant à lui, est réservé au tir. La cible est dangereusement située de l’autre côté de la route. Un peu plus haut, sur ce chemin, une guérite abrite souvent une sentinelle.

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