Le terrain d'entraînement des Allemands
Témoignages Lili Le Goff. Mise en forme Yves Le Moal
Les enfants
inconscients retournent souvent à Trévarez. Ils pénètrent dans le parc par la
même brèche crée dans la clôture grillagée par leurs fréquents passages. L’un
d’entre eux fait toujours le guet dans le dernier virage pendant que le reste
de la troupe se faufile dans le domaine interdit, au nez et à la barbe des Allemands
qui circulent fréquemment sur cette route.
Un jour, Lili entend
même siffler les balles ennemies au-dessus de sa tête alors qu’il chasse les
grillons en compagnie de son copain brestois François Riou dans un pré situé
entre le terrain d’entraînement et le champ de tir des Allemands.
Les enfants occupés à capturer des insectes,
excellents appâts pour la pêche, entendent soudain des voix gutturales
prononcer des mots inconnus, puis des coups de feu ! Apeurés, ils prennent
la poudre d’escampette en direction des carrières du Rick, propriété de
Kerjégu, donc maintenant du marquis. Dans sa course folle vers la maison, Lili perd
un sabot. Il se fait sonner les cloches au retour par la maman. Il avoue avoir connu,
ce jour-là, la trouille de sa vie.
Il a gardé un souvenir précis des
lieux : de chaque côté de l’entrée principale étroite et propice aux glissades en sabots de bois
cloutés l’hiver, zigzaguent deux tranchées longues de cinquante mètres. Elles mènent
à une casmate. Plus loin, se succèdent différents obstacles : des rondins
assemblés en buts de différentes hauteurs, des barbelés, un tunnel pour ramper,
un mur d’escalade en rondins de bois d’environ trois mètres de hauteur. Le pré
d’à côté, celui des grillons, est en herbe. Le troisième champ, quant à lui, est réservé
au tir. La cible est dangereusement située de l’autre côté de la route. Un peu
plus haut, sur ce chemin, une guérite abrite souvent une sentinelle.
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