samedi 18 mai 2019

Les illustrés

Les illustrés


Toto et les illustrés
     Au collège de Gourin, notre directeur, on ne disait pas encore «Monsieur le Principal », s'appelait Toto. Je lui vouais une grande estime et un profond respect. 
     Presque tous les élèves étaient internes à cette époque-là. Tout le monde se retrouvait en salles d’étude le soir avant et après le dîner, avant de regagner son dortoir pour un repos bien mérité. 
     En étude, il fallait faire ses devoirs. Un pion veillait au calme et au silence. Certains élèves studieux et appliqués, prenaient de l'avance dans leur travail conformément à leur cahier de texte.      D'autres, moins prévoyants et sans doute moins courageux chahutaient ou lisaient des « illustrés » après avoir expédié les devoirs du lendemain.
     Mais, Toto effectuait une ronde éclair tous les soirs.
     Dès que quelqu’un voyait son crâne chauve émerger au carreau d’une fenêtre, il criait : « Vess ! » et tous les illustrés disparaissaient illico presto dans les casiers. 
 Les élèves installés près des radiateurs tapaient sur la tuyauterie du chauffage avec leur règle pour transmettre l'alerte aux classes voisines. 
 Mais Toto avait déjà repéré ses proies ! « Toi, toi et toi, videz votre casier ! » et il confisquait les bouquins.
     Mais, me direz-vous, qu’est ce qu’un illustré ? Eh bien, tout simplement une bande dessinée ! Souvent ces BD (le terme n'était pas encore utilisé) racontaient des histoires de cowboys et d’indiens. Oui, à cette époque, les illustrés étaient interdits à l’école.
     Actuellement, la BD est considérée comme le neuvième art.

    

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