Le chemin creux
Sa naissance est très discrète. En quittant la cour de
la ferme, au sortir de l’aire à battre, on plonge rapidement dans une pénombre
verte. Puis, progressivement, les yeux s’habituent à cette semi-obscurité et
les détails des paysages deviennent perceptibles. On distingue alors les talus
complètement chauves ou tapissés de lierre et de fougères, les branches qui se
croisent en faîtage ou se réunissent pour former une voûte en donnant au petit
chemin l’apparence coquette d’une tonnelle de verdure.
Des parcelles de lumière dansent sur le sol. Le
ruissellement des eaux pluviales ou de sources y a creusé un petit lit qui
serpente et change de côté au gré de son humeur et des caprices du sol. Par
endroit, même en été, l’eau suinte, sourd même sous la roche, ruisselle un
instant avant de quitter le chemin par un trou aménagé dans le talus pour
s’évader et disparaître dans les prés.
Le sentier débouche dans un chemin plus large, une ancienne voie romaine probablement, mais tout aussi bucolique, fréquentée par les troupeaux et les engins agricoles. Les arbres y sont encore plus majestueux. En cette fin du mois d’août, les digitales desséchées et le genêt couvert de cosses se préparent à libérer leurs graines. Les ronces promettent une belle récolte de mûres et se disputent le talus avec les myrtilles et les fougères. Le houx et le sureau abondent et tentent d’investir les espaces de clarté entre les hêtres, les merisiers, les châtaigniers et les chênes. Parfois, une entrée de champ fermée par une barrière en châtaignier laisse passer le vent et la lumière. Comme elles sont belles ces barrières à claire voie ! De véritables œuvres d’art au travers desquelles les paysans rivalisent d’originalité. Gaby en fabrique à la mauvaise saison au fond de sa grange. Elles servent à ouvrir ou à fermer l’accès des champs aux troupeaux.
En avril, le coucou vient sonner le réveil de la nature.
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