samedi 4 mai 2019

La chatière

La chatière


Les oubliettes.

     Voilà une bonne dizaine d’années, alors que nous nous baladions en famille dans un vieux hameau ardéchois, nous avons fait une découverte pour le moins macabre.

     Dans ce petit village rural de la commune de Saint-Agrève, de nombreuses maisons au toit recouvert de lauzes du Mézenc semblaient à l'abandon.


Les granges, avec leur grande porte cochère à double battants abritaient encore des meules de foin. Il y avait donc bien âmes qui vivent dans ces hauts bâtiments austères de caractère , en témoignait ce chat efflanqué aux poils hirsutes qui miaulait au sommet d'un perron à la rampe oxydée.

     La rue étroite que nous suivions était bordée d’herbes folles parsemées de rares coquelicots. Le cantonnier ne venait pas souvent dans le coin... 

     Plus loin, au sortir du hameau,  chantait  l’eau d’une source qui coulait dans un lavoir. La grande auge de pierre faisait probablement aussi office d’abreuvoir comme l’indiquaient les bouses accumulées à proximité.


     Nous cheminions paisiblement en territoire inconnu, lorsque mon attention fut soudain attirée par une pierre plate dressée contre le mur d’une vieille grange. Machinalement, je l’ai poussée du pied en déclarant : « Ça c’est une chatière ! ». 
     Mon intention était de montrer à mes neveux et anciens élèves Morgan et Alan ce qu'était ce trou aménagé pour le passage du chat, comme dans "le secret de Maître Cornille", texte que nous venions d'étudier en classe en cette fin d'année scolaire. Le vieux meunier glissait toujours sa clef dans la chatière avant de quitter son moulin à vent. 

     Tout le groupe, Nicole, Brigitte et Philippe et nos neveux Alan et Morgan, s’est approché pour observer cette petite ouverture nommée "chatière".
    
     Des cris d'effroi ont immédiatement retenti dans la ruelle déserte et étroite que le soleil éclairait difficilement.


     Quelle horreur ! Derrière cette pierre tombale, se profilait le squelette d’un chien de taille moyenne. Les mâchoires ouvertes  armées de puissants crocs et d'une dentition parfaite, il s'était dressé vers nous. Sa tête devait s'appuyer contre la pierre car il s'était penché vers l'avant comme dans un dernier soupir, un ultime râle.


     On aurait dit qu’il tentait encore de s’échapper de sa sépulture par le trou aménagé dans l'épaisseur du mur, mais il était comme pétrifié dans son élan.

    Chacun évoquait la souffrance que le pauvre animal avait endurée, les efforts qu'il avait dû fournir pour essayer de dégager cette satanée pierre.  On imaginait aussi la cruauté du bourreau qui l’avait emmuré.

     Cette scène est restée gravée à jamais dans nos souvenirs. Elle nous donne encore des frissons lorsque nous nous remémorons ces oubliettes ardéchoises. 

6 commentaires:

  1. Une sacrée aventure ... Il me semble que j'ai toujours la photo dans l'ancien ordinateur chez les parents. Bien qu'elle ne soit pas très ragoutante !

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  2. J'essaie d'écrire des posts variés mais c'est difficile d'élargir son public de lecteurs. Les gens d'ici préfèrent des textes à polémiques.ce n'est pas du tout ce que je recherche. Ce blog m'oblige à trouver des sujets et à produire des textes. C'est stimulant.

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  3. Essai commentaire.

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  4. C’était peut être Black le chien de la tante Janine!!!!!

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