LES BOUTILLONS
Amitiés interdites
Les adultes interdisent
aux enfants d’adresser la parole à l’occupant. Chacun gardait ses distances et
restait sur ses gardes, pas question de sympathiser. Les relations sont tendues.
Tout geste d’amitié avec l’ennemi serait interprété comme une trahison, surtout
par les résistants du maquis.
Sous les carapaces
hermétiques, blindées, autoritaires et hostiles des soldats allemands battent de toute évidence des cœurs avec leur sensibilité et leurs émotions . Ainsi, au pardon de
Saint-Goazec, un groupe d’Allemands offre des tours de casse-gueules aux
Boutillon. La force centrifuge des sièges volants du manège de Monsieur Auguste
de Saint-Hernin rend Lili malade au point de vomir ses tripes. Il est comme saoul
et ne tient plus sur ses jambes.
Lili pense que ces Allemands voient dans les
Boutillon l’image de leurs propres enfants, l’amour paternel se lit dans leur regard. Les Boutillon les
remercient respectueusement et se jurent de ne jamais parler de cette aventure
à la maison. Juré, promis, craché !
Le pardon c’est la fête
au village. De nombreuses attractions s’installent tous les ans pour l’occasion
sur la place centrale : casse-gueules, chenilles, autos- tamponneuses, tir
à la carabine. On peut s’acheter des friandises, de la limonade, et, dans un
autre registre, des pétards à mèche, des pistolets à bouchons, des yoyos… Pour
bien s’amuser et profiter pleinement de la fête, il faut des sous !
L’argent est le nerf de la guerre.
Les Boutillon gagnent
leur argent de poche en effectuant de menus travaux des champs. Ainsi, au
printemps, à l’appel de la trompette du secrétaire de mairie, ils se rendent
dans les fermes pour la cueillette des petits pois. Il faut se lever de bonne
heure afin d’arriver les premiers sur le chantier pour choisir les rangs les
plus productifs. Comme toute peine mérite salaire, nos Boutillon réapprovisionnent
leur tirelire.
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