mardi 14 mai 2019

Amitiés interdites

 LES BOUTILLONS 

 Amitiés interdites


Les adultes interdisent aux enfants d’adresser la parole à l’occupant. Chacun gardait ses distances et restait sur ses gardes, pas question de sympathiser. Les relations sont tendues. Tout geste d’amitié avec l’ennemi serait interprété comme une trahison, surtout par les résistants du maquis.

Sous les carapaces hermétiques, blindées, autoritaires et  hostiles des soldats allemands battent de toute évidence des cœurs avec leur sensibilité et leurs émotions . Ainsi, au pardon de Saint-Goazec, un groupe d’Allemands offre des tours de casse-gueules aux Boutillon. La force centrifuge des sièges volants du manège de Monsieur Auguste de Saint-Hernin rend Lili malade au point de vomir ses tripes. Il est comme saoul et ne tient plus sur ses jambes.

Lili pense que ces Allemands voient dans les Boutillon l’image de leurs propres enfants, l’amour paternel se lit dans leur regard. Les Boutillon les remercient respectueusement et se jurent de ne jamais parler de cette aventure à la maison. Juré, promis, craché !

Le pardon c’est la fête au village. De nombreuses attractions s’installent tous les ans pour l’occasion sur la place centrale : casse-gueules, chenilles, autos- tamponneuses, tir à la carabine. On peut s’acheter des friandises, de la limonade, et, dans un autre registre, des pétards à mèche, des pistolets à bouchons, des yoyos… Pour bien s’amuser et profiter pleinement de la fête, il faut des sous ! L’argent est le nerf de la guerre.

Les Boutillon gagnent leur argent de poche en effectuant de menus travaux des champs. Ainsi, au printemps, à l’appel de la trompette du secrétaire de mairie, ils se rendent dans les fermes pour la cueillette des petits pois. Il faut se lever de bonne heure afin d’arriver les premiers sur le chantier pour choisir les rangs les plus productifs. Comme toute peine mérite salaire, nos Boutillon réapprovisionnent leur tirelire.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire