Qui l'eut cru ? Le tonnelet
a parlé.
De nombreux métiers ont disparu. Certains se sont éteints avec
le progrès, d’autres à cause d'une réglementation de l’état soucieux d'abolir
les privilèges dont bénéficiaient encore de modestes agriculteurs.
Il en va ainsi du métier de bouilleur de
cru, commerçant ambulant qui baladait son alambic d'une commune à l'autre.
Le
privilège de bouilleur de cru remonte à Napoléon lorsqu’il accorda un droit
d’exonération de taxes pour la distillation de 10 litres d’alcool pur ou pour
20 litres d’alcool à 50°pour ses grognards. … Un nouvel amendement voté au
Sénat proroge le droit sur les 10 premiers litres jusqu’au 31 décembre 2010 .
Le « pot lagout » distillait le
cidre pour obtenir cet élixir enivrant, l’eau-de-vie. Pour prétendre à ce
breuvage divin ou venin qui bénit le café du breton et dont l'ultime rincette nettoie son
bol, il fallait posséder un droit qui se transmettait de génération en
génération. Certains agriculteurs prêtaient leur droit à un ami. Ce « droit
de bouillir » a définitivement disparu en 2008 en même temps que les derniers ayants droits.
Mon oncle, grand amateur, faisait du lambig deux fois l'an. Il prétendait qu'il n'y avait rien de tel qu’un coup de gnôle l’hiver
pour lutter contre les angines et les rhumes; l’été pour donner un coup de fouet aux corps
fatigués par les travaux des champs tout en étanchant leur soif.
"Un café sans lagout ça me dégoûte."
"Un café sans lagout ça me dégoûte."
LE FÛT ACCUSATEUR
La scène se déroule dans une commune voisine où Gégé Lagoutte, dit Papy Louzou, avait installé son alambic pour une semaine.
Le cidre ayant été distillé
dans la matinée, j'ai eu pour mission de conduire mon oncle après dix-huit heures jusqu’au chantier du "Pot Lagout"afin qu’il récupère le tonnelet contenant le fameux nectar à l'odeur d'éther.
Une quinzaine de barils marqués
à la craie blanche, alignés à proximité de la machine, attendent leur
propriétaire.
Stupéfaction : le tonnelet de mon
oncle a déjà été enlevé ! Son absence est d’autant plus remarquable qu’il était
tout neuf.
Le bouilleur de cru déclare que cinq
personnes sont venues prendre leur eau-de-vie et qu'il n'a rien remarqué d'anormal.
C’est alors que me vient une idée géniale.
« Allons
boire un verre au "café de la Montagne", proposai-je à mon oncle. Quand nous reviendrons, il
ne restera plus qu’un fût avec le nom du voleur écrit dessus. » !
En effet, à notre retour, un dernier fût attend toujours son
propriétaire et le nom du coupable y est inscrit blanc sur noir! Voilà une enquête rondement menée!
Nous chargeons le baril dans le
coffre et nous rendons directement chez la personne incriminée pour procéder à
l’échange des tonnelets.
A peine confus, le coupable nous explique qu'il ne s'était pas rendu compte de sa méprise! A D'AUTRES! comme on disait au collège...
bien mal acquis ne profite jamais... mais avez vous lors de l'échange vérifier si le baril était bien plein ? l'homme incriminé tenait-il bien debout ? il y a tellement de roublard dans ce bas monde.
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