lundi 17 juin 2019

Les grandes vacances

Les grandes vacances

     Quand nous étions au collège, l’année scolaire se terminait toujours prématurément.
     Nos parents venaient nous récupérer au temps des cerises, aux environs du 20 juin.
     Le ciel bleu, le soleil ardent, la brise qui courbe les blés et court dans les champs nous donnaient le sentiment d'une liberté infinie. Finis les alignements de lits et de lavabos du dortoir. Au diable les rangs d'oignons interminables avant d'entrer au réfectoire. Basta les quatre murs des salles de cours et d’études. Liberté.
     En fait, la liberté n’était que par le dépaysement, par le changement d’environnement.
     Très vite, la routine devenait pesante et effaçait le charme éphémère et illusoire des feuilles qui bruissent, du grillon qui chante, du ruisseau qui murmure, du foin qui sent bon, de la terre fraîchement labourée et mouillée par la pluie , des parcelles de lumière qui dansent sur le sol des sous-bois.


     Tout ce côté magique et relaxant s’évaporait au fil des jours, dévoré qu’il était par les contraintes liées aux travaux de la ferme et la fatigue harassante des crépuscules lorsqu’enfin l’angélus du soir nous autorisait à relever le dos.
     J’étais allergique à la poussière du foin, surtout quand l'herbe avait mis du temps à sécher à cause des averses. Je détestais aussi nettoyer les greniers dépourvus de lucarnes avant la récolte. La poussière qu’on y inhalait était si épaisse qu’on ne s’y voyait plus. Ça me faisait gonfler les yeux et m’irritait les bronches. Mais, il fallait le faire, allergique ou pas.



     Parfois, notre père récupérait les fanes de pois à l’écosseuse. Nous les étalions sur un pré pour les faire faner. Le fourrage obtenu était hissé, à bout de fourches, sur la meule de foin sous le hangar. J’avais pour mission de bien le répartir sur le tas. Et là, oui là mes amis, j’ingurgitais une poussière infecte. Mes yeux irrités et gonflés pleuraient des journées durant…  C’était ainsi.


     Les levers matinaux, la traite des vaches, les foins, les binages, les moissons, les cueillettes et toutes les corvées qui venaient combler les temps morts. Tout ceci faisait, qu’à la fin des vacances, nous n’avions qu’une hâte, celle de retrouver le collège avec ses potaches et le repos salutaire de son internat !
     Puis, l’année scolaire s’écoulait et nous attendions impatiemment la date des prochaines grandes vacances…
Masos ? Je pense que nos enfants et nos petits enfants ne peuvent pas comprendre l'enfance que nous, parents et grands parents, avons vécue.
     
     Rafraîchissant, n'est-ce pas ? 




   

2 commentaires:

  1. La période que tu nous décris, nous ne l'avons pas connu. Moi citadin de Marseille et Mireille de la campagne. Mes vacances étaient de vrais vacances. nous partions quelques jours en Normandie chez ma grand mère paternelle et quelques semaines avec mes grands parents chez mon arrière grand mère corse.
    Mireille faisait des cabanes avec sa sœur avec des plateaux vides de raisin. Il y avait bien l'entretien des poules, des lapins, des pintades, l'arrosage des fleurs, le ménage de la maison mais rien de très fatiguant. Rien a voir avec le laborieux travail des petits paysans bretons.

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  2. bien connu cette époque, on était quand même épargnée de la poussière des greniers, bravo Yves on aime lire toutes ces anecdotes

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