Les moineaux de Roudouallec
Les moineaux
Je ne vous parlerai pas ici des piafs. Moins
nombreux aujourd'hui, ces passereaux édifiaient leurs nids de foin et de plumes sous la
charpente des hangars ou dans les trous des vieux murs. Nous les capturions en plaçant des graines sous un panier maintenu incliné par un bâton auquel était attachée une longue ficelle. Planqués derrière la haie, nous attendions que les passereaux viennent picorer. Et hop! un coup sec sur la ficelle et voilà les piafs capturés. Nous les relâchions bien sûr. Ce n'était qu'un jeu.
Non, les moineaux dont il sera question
sont de jeunes sportifs du Cours Moyen de l'Ecole publique de Roudouallec.
Sous l’égide de L’USEP (Union Sportive de
l’enseignement du Premier degré), les écoliers pratiquaient le sport collectif dans le
groupe des Montagnes Noires. Ils rencontraient leurs homologues des écoles
publiques du Finistère tout proche. (Leuhan, Laz, Trégourez, Plonévez, Saint-Thois).
Oui, à l'époque, on s'affranchissait de la frontière départementale et Roudouallec avait des affinités avec le Finistère.
Les
matchs, football pour les gars, ballon-prisonniers pour les filles, se
déroulaient le jeudi après midi. Ainsi, nous nous déplacions une semaine sur
deux dans le petit car de Maria qui était toujours accompagnée de son petit chien blanc, assis à côté du levier de vitesse.
À l’approche des grandes vacances, Lee
élèves du groupe des Montagnes Noires se retrouvaient également pour des randonnées,
pour des courses au trésor au domaine de Trévarez, des animations sur le thème de la forêt ou encore l'observation de la faune sauvage en compagnie du spécialiste Xavier Grémillet.
Puis, au fil des années, l’effectif de
l’école s’est amoindri et il a fallu abandonner nos amis finistériens et les
moineaux se sont envolés.
C’est à partir de ce moment que nous avons
choisi la piscine comme activité sportive hebdomadaire.
Nous rendions tous les samedis matin à la
piscine de Scaër. Une façon agréable de terminer la semaine. Un sport sain, complet, praticable toute l'année. Savoir nager est indispensable, procure du plaisir et peut sauver des vies.
Mais, revenons à nos sorties du jeudi après midi. Elles se déroulaient toujours dans la bonne humeur; les collègues finistériens étaient très sympas.
Je me souviens d'un déplacement épique à Saint-Thois. Il faisait un temps exécrablement froid et humide, un temps à ne pas mettre un crampon dehors.
L'instituteur lanig Sauze, qui avait déjà de la bouteille, nous proposa de changer d'activités. C'est ainsi qu'au lieu de se cailler les miches sur le terrain, nous avions visité sa fosse à vipères (elles hibernaient) avant de déguster un Orangina dans la vaste salle de danse de sa belle-mère, la Reine de Saint-Thois. Les élèves avaient admiré et écouté jouer des pianos mécaniques.
Une autre fois, à Laz, il faisait très chaud cet après-midi-là. Les élèves étaient tout transpirants après leur match.
Comme le car tardait à venir nous chercher, je leur ai offert quelques bouteilles de jus de fruit dans un bar qui faisait également épicerie. Excellente initiative, n'est-ce pas. Sauf que, au moment de régler, je me suis aperçu que mon porte-monnaie était resté dans le car.
J'ai donc quitté le bar avec mes élèves en promettant à la vieille dame de revenir régler mes dettes dès que le bus serait de retour.
Elle n'avait pas l'air rassurée mais m'a accueilli avec un grand sourire quand je suis descendu du car pour la payer.