mercredi 13 mars 2019

La neige

La neige

Tout le monde l'attendait impatiemment pendant les vacances de Noël. Elle arrivait discrètement une nuit, donnant aux vitres givrées une lueur laiteuse. Je devinais à cette étrange clarté et au silence qui régnait à l’extérieur qu’il avait neigé. Ce merveilleux manteau blanc modifiait les habitudes de tout un chacun, des enfants comme des adultes.
Vite, confectionner les premières boules et les faire rouler sur le sol afin qu’elles grossissent pour devenir le ventre et la tête du bonhomme de neige. Tout en s’activant autour du bétail resté à l’étable, mon grand-père me donnait quelques conseils pour fignoler le personnage ; deux boulets de charbon pour les yeux, une carotte en guise de nez, un morceau de briquette rouge pour la bouche, une vieille écharpe autour du cou, une casquette usagée, une pipe abandonnée… Voilà ! Il avait fière allure notre bonhomme !

  Sur le chemin de l’école, je contemplais ce paysage immaculé et féérique où toutes les formes s'estompent, les branches ourlées de blanc, les empreintes des animaux. Je lisais les traces toutes fines et dentelées des oiseaux, celles plus marquées, légères et directes des renards ou celles plus larges et plus lourdes des blaireaux ventre à terre, celles en zigzags des lièvres dont je déterminais  le sens de la course. Je m'amusais à fouler la neige poudreuse qui crissait sous mes pas. Je m'arrêtais de temps en temps pour écouter le silence. 

A l’école aussi, nous confectionnions un bonhomme de neige avant d’organiser des batailles à coups de boules. Ce n’est pas l’onglée qui nous aurait arrêtés. L’instituteur intervenait souvent pour nous demander de ne pas trop serrer les projectiles. Lorsque nous rentrions en classe, nous nous rassemblions autour du poêle à bois pour se réchauffer les mains. Nous ne parvenions plus à écrire car nos doigts engourdis  n’avaient aucune prise sur le porte-plume récalcitrant ! Bonjour les engelures !
Hélas le redoux faisait fondre trop vite ce blanc manteau qui métamorphosait la campagne … et sous la pluie ou le soleil, la pellicule immaculée se transformait en boue noire et salissante.

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