Le coq de
Jérôme.
Quand j’étais instit, il y aura bientôt
quatorze ans que je ne le suis plus , chaque fin d’année scolaire, la veille des
grandes vacances, je partais toujours avec mes élèves faire une balade dans la campagne environnante.
Je pense que tout le monde garde un bon souvenir de ces petites randonnées
pédestres qui nous menaient vers Leing Hallec et Strakou, le fameux chemin des
sources, une petite route ombragée. Chacun avait dans son cœur le souvenir de
l’année écoulée et la perspective des grandes vacances toutes proches. A la
rentrée, ce serait le collège pour les plus âgés.
Cette année-là, Jérôme a insisté pour que
nous allions voir son coq, chez son tonton. Comme c’était une promesse que je
lui avais faite toute l’année scolaire, supplié par ses camarades, j’ai fini
par accepter conscient que ce détour imprévu allait perturber notre timing.
Magnifique ce coq dressé sur ses ergots au
milieu de la basse-cour. Et quel plumage ! Une crête royale… Un chant impérial, une cour révérencieuse...
Nous avons finalement repris notre balade,
sous la canicule, en pressant le pas. Tout le monde s’accorde à dire que le
temps perdu ne se rattrape jamais.
Nous avions accumulé un sacré retard et
l’impératif de l’horaire du car scolaire planait au-dessus de nos têtes. Nous
étions carrément dans le rouge ! Pourtant, il fallait s’arrêter ici et là
pour parler des captages d'eau qui alimentent gravitairement la commune, des digitales, des stellaires, de l’oseille, du hêtre, de la différence entre hirondelles et martinets, de l’amont
et de l’aval du ruisseau…
Quel retard ! Rien à faire, le car
attendrait et les parents pesteraient comme dab… Soudain,
derrière nous, un bruit de moteur. C’était Christian, l’employé communal, qui
descendait le chemin de Strakou avec tracteur et remorque.
Nous avons tous agité le pouce pour faire
du stop. Tout sourire, Christian s’est arrêté pour nous permettre de grimper
dans la remorque. Et le convoi est reparti. Quelle joie dans la remorque qui
nous secouait en passant dans les nids de poules. C’était le pied !
Nous sommes entrés dans la cour de l’école, cheveux au vent,
avec à peine quelques minutes de retard.
Je suis sûr que Jérôme s’en souvient, ses
camarades aussi. L’instituteur que j'étais également car cette manœuvre n’était pas du tout réglementaire … Un bon souvenir.
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