LE BOMBARDEMENT DU CHATEAU DE TREVAREZ
(Suite et fin)
Les
avions alliés mitraillent sans ménagement leur cible. Lili apprendra plus tard
que ces éclaireurs avaient pour objectif de neutraliser la DCA allemande campée
sur le toit du château afin de sécuriser les parachutages à venir… Ils
effectuent plusieurs passages pour s’assurer du travail bien accompli.
Lili et son frère sont
maintenant revenus sur la terrasse. De là, le spectacle est
impressionnant : des gerbes de feu tombent du ciel rougeoyant.
Soudain, dans un boucan
à vous exploser les tympans, un escadron de bombardiers coupe le ciel au-dessus
de leurs têtes.
Les vitres des maisons
vibrent, les assiettes s’entrechoquent dans les vaisseliers, la vie se fige
dans les chaumières. La population inquiète qui se préparait pour la messe
basse du pardon reste bien terrée chez elle. Quelques paysans, affairés aux
travaux des champs, faisant fi du sermon du curé qui interdit formellement le
travail dominical sous peine de se retrouver dans les flammes de l’enfer,
courent dans tous les sens en quête d’un abri de fortune.
Les bombardiers de la
Royal Air Force larguent chacun deux bombes sur le château qui abrite habituellement
des gradés allemands et des sous-mariniers de la Kriegsmarine venus s’y reposer
depuis juillet 1940. Des soldats de la marine impériale japonaise, arborant de
magnifiques uniformes, y séjournent aussi par intermittence. Dans un premier
temps, Lili pense que les avions lâchent des colis ! Drôles de
colis ! Des bombes, de véritables bombes !
Les projectiles
atteignent leur cible. Au milieu de faisceaux d’étincelles, entre les nuages de
fumée, Lili et les siens distinguent avec des jumelles le sauve-qui-peut des
occupants de la forteresse qui se laissent glisser de l’étage le long de cordes
de fortune confectionnées avec des draps noués les uns aux autres.
Les bombardiers
effectuent plusieurs rotations au-dessus du bourg de Saint-Goazec pour mieux
revenir pilonner leur objectif sous un meilleur angle. Un véritable feu
d’artifice !
— Hou là là, s’écrie
Francis le frère aîné, ça a dû faire mal !
En fin d’après-midi,
poussés par la curiosité, les six enfants courent prudemment vers le château.
En chemin, ils se jettent dans un fossé pour laisser passer un convoi de
camions allemands en provenance du château. Peu rassurés, les « Boutillon »
rebroussent chemin et rentrent chez eux, chassés par les maquisards planqués dans
la végétation autour du théâtre des opérations.
(Témoignages Lili Le Goff. Textes Yves Le Moal)
(Témoignages Lili Le Goff. Textes Yves Le Moal)
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