La promenade scolaire d'antan
Les
promenades scolaires d'antan.
C’était
l’événement de la fin de l’année scolaire. Je vous parle ici d’un temps que les moins de 60 ans ne
peuvent pas connaître.
Fin juin, début juillet, après le
certificat d’études, chaque école organisait sa sortie au bord de la mer, LA PROMENADE SCOLAIRE.
Jusqu'ici, rien d'anormal, me
direz-vous ! Exact, mais laissez-moi poursuivre… Les parents d’élèves
faisaient aussi partie de l’expédition, les tontons et tatas, les pépés et mémés étaient également les bienvenus.
Les adultes, chargés de sacs ou de paniers copieusement garnis de victuailles
savaient que l’océan allait leur donner un appétit d'ogre. Un pique-nique au bord de l'océan, le bonheur!
C’étaient trois ou quatre cars qui s’ébranlaient
à 9h30 en direction de Cap Coz, Crozon, Morgat, Kerfany les Pins ou autres
destinations connues des instituteurs, comme Penmarch et son célèbre phare d'Eckmühl.
Les « plus vite chauffeur, plus vite
chauffeur, plus vite » ou « Bravo chauffeur, bravo» étaient
régulièrement repris en chœur par les jeunes passagers. Quelques élèves osaient
se saisir du micro pour chanter a capella, dans l’allée centrale, face au
public, " À la claire fontaine", "il était un petit homme",
" un éléphant se balançait ", " frères Jacques", " cinq
kilomètres à pied, ça use, ça use" et, pour les mélomanes, "Tombe
la neige", "z’étaient chouettes les filles du bord de mer"). Un tonnerre
d’applaudissements saluait chaque prestation, suivi de « Une autre, une
autre, puis, dans la foulée, " Quand un chanteur a bien chanté, toutes les
filles, toutes les filles doivent l’embrasser ".
Il arrivait qu’un bruit de tire- bouchon
vienne interrompre ces intermèdes mélodieux, c’était une bouteille qui ne
supportait plus d’être enfermée au fond de son sac.
Soudain, de grands cris de joie : "La
mer ! La mer ! ". En effet, on la voyait rouler ses vagues au
loin, au bout des derniers virages, derrière les dunes. ELLE ÉTAIT LÀ.
Souvent une partie de la matinée était consacrée à une visite pédagogique (musée de la pêche, ostréiculture, faïenceries Henriot, phare, criée…).
Voilà la plage, enfin!
La sortie des cars se faisait sans
précipitation, dans le calme mais on sentait chez chacun bouillir l’impatience
de respirer l’air iodé . Il faut comprendre cet empressement : la mer, on
ne la voyait qu’une fois par an, et encore… Pour certains, c'était la première fois.
Le
directeur, organisateur et responsable de l’expédition, avait été formel :"
Rassemblement ici, près du quai à 17h30. C’est bien compris, tout le monde ici
à 17h30 ! Soyez prudents, ne laissez pas vos enfants s’aventurer trop loin
dans la mer. "
Les enfants non accompagnés étaient sous
la responsabilité des enseignants, les autres suivaient
leurs parents. Si bien qu’on ne savait plus vraiment qui s’occupait de qui. Heureusement que les instituteurs exerçaient une surveillance assidue et permanente.
Des groupes se formaient aussitôt, se séparaient,
se dispersaient et occupaient l'espace littoral : petite balade sur la
plage, pêche dans les rochers, parties de ballon en short et en tombant la chemise pour montrer des torses
qui n’avaient jamais vu l’ombre d’un rayon de soleil , trempette dans l’eau un
peu fraîche ou baignade dans flaques.
Vers midi, tout le monde se choisissait une
belle place sous les pins pour le fameux pique nique, moment très convivial.
Les deux heures trente consacrées à la
digestion étaient mises à profit. Certains, allongés sur une serviette
jouaient aux lézards au soleil, d’autres taquinaient le ballon qu'ils prenaient
plaisir à aller récupérer dans les vagues. D'autres mesuraient leur habileté
aux ricochets. La marée montante repoussait les pêcheurs de coquillages vers la dune.
Tout le monde en maillot. Le soleil léchait
les peaux tendres et blanches, les dardant de ses rayons sournois.
15h30. Tout le monde à l’eau ! Et que
je t’éclabousse ! Quelques élèves, plus téméraires,
s’essaient à la brasse ou au crawl et évoluaient sous l’eau, sous le regard
admiratif des plus timorés qui criaient à la noyade à la moindre éclaboussure.
Les plus timorés préféraient quitter le milieu
aquatique pour construire des châteaux de sable un peu plus haut sur la plage.
17h30, rassemblement, premier rappel. Presque
tout le monde était là. Mais Il manquait des hommes. "Oh ! Ils vont bientôt
arriver, répondaient les mamans armées de patience.
Chacun a retrouvé avec empressement sa place dans le car
mais une dizaine de sièges restent désespérément vides. Où sont les hommes ? Des coups de klaxons retentissaient.
On aurait dit des cornes de brume !
Finalement, avec un quart d’heure de
retard, voilà le troupeau masculin qui arrive du côté du bar du port !
Je ne vous dirais pas comment ils ont été incendiés à leur montée dans le car.
Chaque instituteur comptait et recomptait son effectif.
Ouf ! Tout le monde était présent. On pouvait attaquer le chemin du retour.
Les élèves ressentaient déjà la fatigue ; ils avaient le
visage, le dos, la poitrine, les membres en feu. Ce désagrément était accentué par la présence de sable sur la peau.
Au retour, l’ambiance n’était
plus la même. Certains s’assoupissaient même, la tête abandonnée contre la vitre.
La place du village
se vidait rapidement. Bientôt, la promenade scolaire n'était plus qu'un lointain souvenir,
en attendant la sortie de l’année suivante.
Moi et mes frères avions la chance de participer à deux promenades scolaires car nous ne fréquentions pas la même école.
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