La chasse aux merles
Quand il ne restait plus de pommes au
sol, donc en hiver et au printemps, nous installions des pièges pour capturer
les merles. Cruelle pratique, me direz-vous.
J'en conviens mais tous les enfants
de la campagne pratiquaient cette technique barbare. Un piège à rat « Lucifer »
recouvert de feuilles mortes et appâté avec une belle pomme. Il n’y avait plus
qu’à attendre.
Le lendemain matin, le piège s’était refermé sur un merle où une grive. Gagné !
On sentait poindre un petit sentiment de fierté.
J'enveloppais le pauvre oiseau frêle, tout froid et raide dans du papier
journal. Je glissais le gibier dans mon cartable et, avant l'ouverture de l’école, j’allais le vendre à l’épicerie du coin, chez Charles
Le Bras, contre une pièce de cinq francs de l’époque.
Je pense que le commerçant revendait les oiseaux à un restaurateur.
Aujourd’hui, je regrette cette chasse impitoyable et j’accueille avec
plaisir les merles et les grives qui nichent dans mes haies.
L’oiseau moqueur noir au bec jaune se délecte bien sûr de mes cerises et
de mes fraises mais sa présence et son sifflement « turlututu chapeau
pointu » me sont si agréables que je lui pardonne sa gourmandise.
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