Toute la famille rentre donc à la maison, le père au volant de son D25 et le reste de la troupe dans la charrette transformée en remorque. On est bien secoué là-dedans!
Vous pourriez penser que nous allions profiter de ce petit morceau de dimanche pour quelques minutes d'un repos amplement mérité?
Que nenni! Ce n'était pas le style de la maison. Nos parents ne supportaient pas de nous voir inactifs. Au boulot!
La routine nous attendait comme un éternel recommencement: traire les vaches, nourrir et abreuver les taureaux, soigner la ribambelle de petits veaux et les cochons, écrémer le lait, sortir le troupeau en pâture vérifier si les lapins ne manquaient de rien…
Mais nous mettions du cœur à l'ouvrage car la nuit allait être exceptionnelle.
Après un dîner rapidement avalé, nous nous sommes endormis.
Lorsque la sonnerie du réveil a retenti à 3 heures, nous avons enfilé prestement nos vêtements. La lune était déjà là. C'est vrai que dame LUNE attendait ses invités!
Nous avons suivi l'alunissage du module de la mission Apollo 11 et les premiers pas de Neil Armstrong sur la lune à 3h56.
Nos grands-parents, Tapern et Mamm Goz , avaient eu l'extrême gentillesse de nous inviter à vivre l'événement chez eux, en direct, sur leur télé. Je leur dis encore "Bravo!"
Neil Armstrong a déclaré en foulant le sol lunaire: "C'est un petit pas pour l'homme, mais un pas de géant pour l'humanité."
Armstrong, Aldrin et Collins sont là-haut!
En sortant de la maison, nous avons vécu quelque chose de magique: la lune était là, toute ronde. Les astronautes étaient là-haut! Et nous, nous allions charger nos petits pois au clair d'une lune habitée. Merveilleux, non?
Charger des petits pois au bout d'une fourche, avec la terre, les grenouilles, les crapauds et les limaces qui vous retombent sur la tête, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable.
De temps en temps, nous levions les yeux vers la lune. Rien que le fait de penser que trois hommes y travaillaient nous redonnait des forces.
Les petits pois ont été battus à l'écosseuse de Coat Plein Coat à 6h30 comme prévu et le rendement a été exceptionnel lui aussi.
(Je remercie mon frère Pierre pour la précision des renseignements qu'il m'a fournis.)
En 1969, les récolteuses de petits pois (batteuses automotrices)n'existaient pas encore mais l'époque de la cueillette manuelle était déjà révolue. Cette année-là, la parcelle de petits pois se trouvait au village de Domfos. La récolte s'annonçait bonne, les gousses étaient nombreuses et bien pleines.
Le secret de la réussite résidait dans le degré de maturité des grains: trop tendres, ceux-ci s'écraseraient dans l'écosseuse, trop durs et ridés, ils seraient refusés par la conserverie. Le courtier venait régulièrement visiter la parcelle. Notre père était très exigeant, il voulait obtenir le meilleur rendement, donc le meilleur créneau pour le battage. Finalement, rendez-vous fut pris à l'écosseuse pour le lundi 21 juillet à 6h30. La veille, dimanche 20 juillet, en début d'après-midi, munis de crocs à cinq doigts, nous avons arraché toute la parcelle. Lorsque les plants étaient couchés, il fallait faire bon usage de son outil en tirant perpendiculairement à l'implantation des racines. Nous les avons laissé faner pendant trois heures et, en fin d'après-midi, nous les avons rassemblés en endains avant d'en faire de petits tas. Pas question de les charger tout de suite, la récolte risquerait de chauffer et de fermenter. Cette opération se ferait donc au dernier moment, au bout de la nuit, au clair de lune.
Dans la nuit du camping, s'allument d'étranges petits points verts qui semblent venus de nulle part.
Le lampyre (ou ver luisant) n'est pas un ver. A y regarder de plus près, on distingue une larve de coléoptère formée de segments, au postérieur lumineux.
C'est le lampyre femelle qui émet cette lumière verte pour attirer les mâles. Elle conservera son aspect de larve toute sa vie.
A l'âge adulte, les ailes du mâle apparaissent.
Ami du jardinier, le ver luisant se régale de proies parfois 100 fois plus grosses que lui, surtout des escargots. A l'aide de ses mandibules, il leur injecte un liquide mortel et digestif. Il ne lui reste plus qu'à sucer sa proie!
La présence du ver luisant est la garantie d'un environnement sain.
Nous avons rencontré le coléoptère, samedi dernier au crépuscule sur la terrasse du Mobil home. Je lui consacre donc un nouveau post car une telle rencontre est aussi rare que précieuse.
Nous avons bien observé ses grosses mandibules qui font penser aux bois d'un cerf. Elles ne lui servent qu'à combattre les autres mâles qui convoitent la même femelle.
Quand j'ai déclaré qu'il allait s'envoler, personne ne m'a cru.
Soudain, il a écarté ses élytres et ses ailes se sont mises à vibrer, il a décollé et s'est envolé à la verticale, par-dessus le toit, dans un vrombissement qui a troublé le calme de la nuit.
La femelle est beaucoup plus petite et ne vole que rarement. Ses mandibules sont minuscules mais plus puissantes et capables de perforer l'écorce des arbres pour sucer leur sève.
De l'œuf à l'insecte adulte s'écoulent 6 années. Le lucane est le plus grand coléoptère d'Europe.